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Atelier 1 des Journées d'études

Texte de Florence Pazzottu

co-animatrice de l'atelier d'écriture

Scandale et censure

Qui sait encore que pendant des siècles la Bible n’était autorisée qu’en latin et que ses traducteurs (en langues vernaculaires) risquaient leur vie? Rousseau, Diderot, Voltaire, Lewis Caroll, Flaubert, Baudelaire, Karl Marx, Conan Doyle, Jack London, James Joyce, DH Lauwrence, Henry Miller, George Orwell, Allen Ginsberg, Jack Kerrouac, Pierre Guyotat, Milan Kundera, pour n’en citer que quelques-uns à travers les siècles, ont fait scandale, ont été menacés de censure ou censurés, soit dans leur propre pays soit dans des pays étrangers, et parfois pour des temps très longs.

Ce fut le cas aussi de Pier Paolo Pasolini, qui toute sa vie scandalisa (et scandalise encore) et dut subir un nombre stupéfiant de procès.

En France, l’écrivain et poète Bernard Noël (1931-2021) fut le dernier à avoir un livre menacé de censure. Il s’agissait du Chateau de cène. Bernard Noël remporta ce procès mais en sortit traumatisé, et développa ensuite ce qu’il appelait le concept de censure, c’est-à-dire la censure par privation et saturation du sens. Parlez donc, personne n’entend !

Certes, les formes anciennes de censure n’ont pas disparu dans le monde, et sans même viser là les régimes dictatoriaux, – rappelons-nous, par exemple, qu’Harry Potter, l’école des sorciers a été retiré de nombreuses écoles et bibliothèques au Canada ! –, mais ce phénomène de censure n’a cessé d’étendre sa domination.

Elle est bien sûr plus difficile à identifier, car il n’y a pas de représentants précis de la censure, elle ne s’exerce pas au nom d’un État ou d’un groupement de personnes, il n’y a pas de procès lors duquel on pourrait faire valoir des arguments… Il ne s’agit pas, dans la censure, de réprimer ni de détruire, mais d’autoriser ou tout au moins de ne pas empêcher une expression tout en lui déniant, retirant, toute valeur ou toute possibilité de s’exercer ou d’être entendue, en la condamnant à l’impuissance, dans un nivellement de toutes les paroles, dans un brouhaha médiatique où domine la publicité, et par un grand et immédiat recyclage de tout ce qui pourrait, dans un premier temps, paraître nouveau et subversif.

Dans un tel contexte, où les propos les plus extrêmes, les mensonges les plus odieux, peuvent par exemple occuper les écrans, et où certains types de scandale sont volontairement mis en avant comme des produits d’appel, – où serait le véritable scandale – non pas un scandale-tapage, mais le lieu d’une chute puis d’une ascension silencieuse peut-être d’abord, d’un avènement du sujet ?

Dans l’acte d’écrire. Dans l’écriture elle-même, le poème, mais au sens large, c’est-à-dire l’art, dans son double mouvement d’adresse et de réception. Mais aussi dans l’amour (quand il est « dialectique de l’amour et du désir » – ce dont les sociétés se sont méfiées de tous temps, car l’amour, on le sait au moins depuis Rimbaud, est toujours à inventer, et celui ou celle dont la vie est orientée par l’invention n’est pas servile.). Oui, en amour comme en art, la liberté du sujet s’affirme irréductible – et l’expérience la plus intime s’allie au désir de faire monde.

Florence Pazzottu

Présentation des ateliers des journées d'études

Atelier 1 : Anna Proto Pisani et Florence Pazzottu Atelier d’écriture.

Atelier 2 : Mark Davies (AL et BL) Lecture de la presse anglaise.

L’histoire des médias américains et britanniques peut nous donner une vision extravagante non seulement des mœurs « anglo-saxonnes », mais aussi de la manière dont elles sont abordées par le journalisme. Entre service public et boîtes à fric, les médias entretiennent un rapport complexe avec le public, les célébrités et l’information. Cet atelier, présenté en langue anglaise, fournira quelques clés pour décrypter et réagir aux événements shocking des pays anglophones.

Atelier 3 : Atelier théâtre de Rachel Ceysson. Pratique théâtrale - Le scandale de Médée.

Après un échauffement corporel et vocal nous lirons ensemble différentes versions de Médée (Sénèque, Euripide, Corneille, Anouilh, Müller, Tom Lanoye, Christa Wolf) et tenterons de les mettre au plateau. Nous verrons ensemble comment prendre en charge cette figure scandaleuse et comment les textes diffèrent au fil des ans, ainsi que la vision de l'infanticide donnée au fil des époques.

Rachel Ceysson est diplômée de l’Institut National Supérieur des Arts et Spectacles à Bruxelles. Elle codirige la compagnie La Paloma, à Marseille, dont le travail se porte sur le répertoire théâtral contemporain. Elle exerce une activité pédagogique continue en parallèle de son activité de comédienne et obtient son DE de professeur de théâtre en mars 2019.

Atelier 4 : Damien de Blic. La mécanique du scandale.

Nous proposons dans cet atelier de comprendre la dynamique du scandale dans les sociétés contemporaines, notamment dans la façon dont il peut affecter simultanément plusieurs secteurs de la vie politique et sociale. Nous le ferons à partir d’extraits de séries télévisées et plus particulièrement du biopic récent consacré à Bernard Tapie (2023).

Atelier 5 : Renaud Robert. Catulle.

Atelier 6 : Laure Fernandez. Théâtre/performance : focus sur les années 1960-1970.

Après une lecture collective et à voix haute de la pièce Outrage au public de Peter Handke (1966), ce temps d’atelier proposera de compléter la conférence sur le théâtre performantiel du début du XXIème siècle par un retour en textes et en images vers les années 1960-1970 – époque où le performance art s’érige dans un discours généralement antithéâtral et dans un contexte de réflexion renouvelée sur la place du spectateur.